Les chevaux agissent-ils en fonction des personnes à qui ils ont à faire ?

Quoi ! Pompon a bousculé votre amie pour sortir du pré alors qu’elle lui avait demandé d’attendre !? Etrange, vous lui avez pourtant appris, et d’habitude, il a un comportement exemplaire.

Vous vous retrouvez donc bien embarrassé à l’idée de laisser Pompon, cette petite canaille, à quelqu’un pendant vos vacances avec le mot d’ordre : normalement il est sage et bien éduqué mais…on ne sait jamais !

Est-ce que les chevaux auraient la capacité de savoir à qui ils ont à faire ? serait ils capables d’attribuer plus d’attention et d’écoute à une personne familière et d’adapter leur comportement en fonction ? Tout cela ne serait finalement pas qu’une question d’éducation, d’apprentissage et d’ordre mis en place ? Pas si simple….

La scientifique Carol Sankey et son équipe ont testé 16 jeunes chevaux anglo-arabes et selles français âgés de 2 ans 10 juments et 6 hongres, dans le but de répondre à cette problématique.

Les chevaux testés, avaient été au préalable suivi et entrainés par une seule et même personne familière, à respecter le code vocal « reste », pour rester immobile pendant une minute.

Ces chevaux ont ensuite été testés avec ce même code « reste » selon quatre cas de figures : 

  1. Face au cheval avec un regard direct 
  2. Face au cheval en fermant les yeux
  3. Face au cheval avec un regard distrait au-dessus de sa tête 
  4. En tournant le dos au cheval

Il s’est avéré que lorsque l’ordre « reste » était donné par la personne familière et responsable de l’entrainement, la plus grande partie des chevaux obéissait au code, peu importe le cas de figure. 

Cependant, en présence d’une personne inconnue donnant le code, ces mêmes chevaux ont continué à bien répondre lorsqu’ils étaient de face avec un regard direct, mais pour les 3 autres cas il n’en a pas été de même. 

Très peu continuaient à répondre lorsque la personne inconnue donnait l’ordre en regardant ailleurs ou en tournant le dos. De plus, les chevaux examinaient attentivement la personne inconnue, pendant toute la période d’immobilité et dans tous les cas de figures, semblant surpris d’entendre ce code familier de la bouche d’une personne inconnue. Ce comportement n’ayant pas été observé avec la personne familière. Une manière pour eux semblerait-il, de s’assurer que l’ordre donné leur était bien destiné. 

En présence de la personne inconnue, les chevaux ont paru assez perturbés et confus lorsque les yeux n’étaient pas visibles, fermés ou distraits alors que le dos tourné semblait être un état d’intention plus facile à identifier pour eux afin de ne pas répondre au code donné.

Les chevaux sont donc bien capables de détecter à qui ils ont à faire, et d’adapter leur comportement, en tenant compte des liens de familiarité et d’une relation qu’ils ont déjà pu établir avec un humain, lorsqu’ils se trouvent dans une situation connue ou déjà apprise.

Une explication pourrait être qu’ils connaissaient très bien la personne familière et avaient développé une relation avec elle leur permettant d’anticiper ses attentes, quelles que soient les perturbations de l’environnement.

Pour ce qui est de cette attitude plus ou moins développée chez chaque cheval d’adapter les réponses à la personne, à éducation égale, cela semble provenir d’une différence de caractère et de personnalité, comme on peut le voir chez les humains. Certains chevaux vont s’appliquer à répondre aux ordres appris, peu importe la personne, même s’ils vont sembler parfois confus. D’autres plus exclusifs et de caractère plus aventureux vont donc se permettre d’étudier les personnes à qui ils ont à faire et ne pas répondre ou rester hésitants.

Tout cela n’est donc pas seulement une question d’éducation mais entre dans un cadre bien plus complexe qu’est l’intelligence et le fonctionnement du cheval.

Ces résultats nous amènent à plusieurs conclusions ou réflexions :

  • Si l’on recherche un cheval sociable dans le travail avec les humains, penser à le faire travailler et manipuler par différentes personnes
  • Ne pas faire de jugements hâtifs sur l’éducation ou l’apprentissage donné face à l’attitude d’un cheval que l’on ne connait pas 
  • S’efforcer d’éduquer son cheval avec des ordres clairs et logiques pour ne pas le mettre dans la confusion totale, s’il est amené un jour à être travaillé par un inconnu 

Face à cet article de nouvelles questions se posent : pourquoi les chevaux font ils cette différence ? Pour leur attachement à la personne familière ? Pour tester les limites qu’on leur donne ? Parce qu’ils apprennent à lire l’énergie et l’attitude de la personne familière et qu’ils doutent ou sont confus face à d’autres personnes ?  De nouveaux sujets que nos chers scientifiques pourront étudier…affaire à suivre.

Source : Carol Sankey et al. (2011) «Do horses have a concept of person ? » Plos One 

Laura, Etho’Lau 

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