Conserver son cheval connecté est un des plus grands défis lorsqu’on aborde la liberté. Je ne vous apprends rien en indiquant que les chevaux sont des êtres vivants et sensibles avec leur propres personnalité et donc doués d’un libre arbitre et de choix.
Aucune solution n’est magique ou radicale pour maintenir cette connexion. Une vraie relation ça prend du temps.
Le travail en liberté est souvent considéré comme une sorte de finalité ultime, rêvée. Mais il n’est pas toujours synonyme de bonne relation et d’osmose entre l’Homme et le cheval. Si certains présentent une harmonie presque irréelle avec leurs chevaux en liberté, d’autres sont capables de très belles réalisations techniques mais l’émotion n’est pas la même, les attitudes des chevaux travaillés en liberté sont d’ailleurs un excellent baromètre de bonne relation ou d’obligation à rester et à faire.
Ce que je vous propose dans ce dossier, ce sont 5 clés qui permettront à tous d’aborder facilement la liberté avec son cheval et surtout de développer sa capacité de connexion et d’attention. Ces clés vont ancrer doucement et durablement le lien qui vous relie à votre cheval et qui vous permettra d’améliorer au fur et à mesure, votre connexion en liberté.
Vous connaissez peut-être LA solution du renforcement négatif en liberté, qui consiste à mettre le cheval en situation d’inconfort dès qu’il nous quitte ou détourne son attention et de cesser l’inconfort quand il se reconnecte afin que le cheval fasse les bonnes associations. Cette solution marche sur la majorité des chevaux, quelque soit le contexte et quel que soit aussi votre relation, elle est efficace et permet avec de l’entraînement, de récupérer assez rapidement l’attention du cheval. Elle est utile pour obtenir du contrôle. A condition de ne pas oublier qu’elle doit être faite avec politesse et un minimum de proposition de dialogue avec le cheval, ce qui signifie qu’avant de mettre de l’inconfort on interroge le cheval sur ses intentions. Es-tu en train de me quitter ? Veux-tu bien rester ? J’en reparlerai surement plus en détail à une autre occasion.
A mon sens, cette technique seule, n’est absolument pas suffisante pour conserver l’envie et le plaisir du cheval de faire et d’être avec vous. Elle pourra se montrer utile, mais est bien trop réductrice. La liberté ne doit pas être uniquement du contrôle mais plutôt ressembler à un échange commun où chacun y trouve son plaisir.
D’ailleurs, les spectacles présentés en liberté où les chevaux évoluent avec beaucoup de naturel et où il y a une place pour leur libre arbitre, en se déconnectant parfois de leur cavalier ne nous apportent t’ils pas leur dose d’émotions ?
Si vous souhaitez obtenir durablement une plus grande connexion avec votre cheval en liberté en faisant le choix de respecter son libre arbitre, d’accepter que parfois il en décide autrement, et surtout de travailler à votre relation et la renforcer, alors je vous propose d’adopter ces 5 clés pour la vie :
CLE N°1 : Choisir la FACILITE
Demandez des choses faciles pour votre cheval. Si on décide à leur place de ce qui est simple parce qu’on en juge de la sorte ce ne sera pas toujours l’avis du cheval.
Pour lui, c’est là où il y arrive le mieux, sans difficulté, ou il est à l’aise, qu’il réalise rapidement et simplement, sans se poser un millier de questions et sans que vous soyez obligé d’insister ou de guider.
Presque tout peut devenir facile, à condition de diviser en étapes à franchir jusqu’au résultat final.
Plus vous apprendrez de choses différentes, plus le cheval aura des choses simples pour lui à vous proposer, dans le répertoire que vous aurez créé ensemble. Au départ ce sera peut-être seulement pousser un peu ses hanches et faire une petite jambette et plus tard, un enchaînement valse, départ au galop, déplacement latéral en liberté.
Si c’est facile c’est motivant, si c’est facile on a envie de rester ensemble. Donc lorsque vous mettez votre cheval en liberté, commencez toujours par demander des choses de faciles ! Et apprenez à vous contenter de choses simples que vous offre votre cheval. Vous démarrerez en simplicité, et avec le temps et l’entraînement hors liberté, vous allez créer une multitude d’apprentissages acquis et donc qui seront devenus simples, que vous pourrez demander ensuite en liberté.
C’est déjà énorme et très gratifiant de pouvoir entrer en communication avec lui, même sur un exercice tout simple. VOUS LE FAITES EN LIBERTE, SOYEZ HEUREUX ET FIERS !
CLE N°2 : Faire COURT et dans le temps
Lorsque vous faîtes vos premiers pas en liberté, elle ne doit pas durer des heures ou même de longues minutes. Vous risquez d’en arrivez rapidement au point de rupture avec votre cheval, qui délaissera l’exercice car trop d’attention à donner. Ce qui crée chez nous frustration, et parfois comportements inappropriés pour le garder à tout prix attentif, dans l’exercice, et qui entacherait la relation. Commencez donc par demander un seul jeu ou exercice. En appliquant le premier conseil, donc un exercice simple, qu’il connaît, et sur une durée très courte parfois juste le temps de le réaliser et c’est tout. Demandez-le dans n’importe quel endroit propice à la réalisation. Reproduisez cette demande facile et courte régulièrement, de manière à créer des habitudes et un « moment » liberté, que votre cheval reconnaîtra comme tel. Au fur et à mesure, vous parviendrez à faire de petits enchaînements d’exercices en conservant votre cheval attentif.
Demandez court et peu à la fois et laissez ensuite le cheval vaquer à ses occupations, il n’y trouvera pas de contrainte mais juste le plaisir d’être avec vous. En opérant de cette façon, votre cheval trouvera des avantages à cette situation auprès de vous et ne se sentira pas contraint, le temps venant, vous pourrez rallonger les demandes en liberté en tentant d’y mettre fin lorsque votre cheval est encore avec vous. En mettant fin vous-même aux interactions, vous créer de l’envie pour les fois suivantes et surtout vous apprenez à votre cheval que vous savez couper au bon moment et qu’il n’est pas nécessaire de se déconnecter pour faire d’autres choses qui l’intéressent. Il ne pensera plus « cool je sais que je suis en liberté je vais me dépêcher de partir à la première occasion parce que mon environnement m’intéresse : herbe à brouter, copains, bruits, objets … » mais plutôt « Ah chouette un petit exercice à faire, j’aime bien, et après je m’en vais explorer ce qui m’intéresse » Et ce d’autant plus lorsqu’on est dans un environnement non familier.
CLE N°3 : Faire PLAISIR
Cela passe par trois choses :
L’emploi du renforcement positif ou R+, qu’il faut s’approprier par l’étude de l’apprentissage du cheval et la pratique. Il est essentiel pour établir une relation dans le plaisir de faire et l’envie de rester. Il passe en grande partie par la récompense alimentaire, mais il se décline aussi en moments gratouilles, pauses, félicitations verbales…Il va donner l’envie à votre cheval de rester, de découvrir ce qu’il va se passer après, de se mettre en connexion avec vous et de rester attentif.
Proposer régulièrement les exercices que le cheval préfère. Comment les connaître ? se sont ceux que votre cheval réalise très facilement, même quand vous n’avez encore rien demandé. Il peut les employer aussi lors de nouveaux apprentissages comme tentative de réponse à la demande, il va régulièrement vous les proposer de façon spontanée. Gardez les dans un coin de votre tête, ils vous permettront notamment de terminer vos séances par une note positive ou bien de redonner confiance à la suite d’un exercice un peu plus compliqué ou alors parfois de récupérer l’attention et donc la connexion en liberté en les demandant.
Et enfin, adoptez une posture enjouée, chaleureuse, souriez, riez ! Cette posture va permettre de libérer des hormones du bien-être, perceptibles par le cheval, tout comme la lecture de vos expressions faciales qu’il reconnaît et apprécie. Les chevaux ont tendance à détourner le regard face à des visages tendus, alors qu’ils sont attentifs et bien plus attirés par les visages détendus et souriants.
CLE N°4 : S’assurer de la décontraction du cheval et de son BIEN-ETRE auprès de vous
Il vous regarde, il est calme, il cligne des yeux, il reste auprès de vous, il est attentif à vous sans être sur le qui-vive, il respire calmement, il vous sollicite même du bout du nez ou en tentant d’attirer votre attention, il est en demande de contact. Autant de signes à prendre en compte pour préserver une bonne connexion en liberté.
Si votre cheval montre des signes de tension qui peuvent se manifester par une ligne de dos tendue, tête haute, queue relevée, un besoin de mouvement, des hennissements, des mâchouillements à répétitions, des mouvements saccadés, des sursauts. Passez votre tour ! Dans des situations ou le cheval n’est pas à l’aise, en particulier sur vos débuts en liberté. Il ne sera pas à ce qu’il fait avec vous car trop préoccupé et vous n’aurez pas encore l’expérience nécessaire avec lui pour récupérer aisément son attention.
Comment vouloir avoir une vraie connexion en liberté sans devoir manier le confort/inconfort permanent, si votre cheval n’a déjà pas très envie d’être auprès de vous ? C’est un travail plutôt passif de tous les jours. Être associé à du positif. Si votre cheval vous fuis, vous tourne le dos, ne viens jamais s’intéresser à vous ni ne vous regarde quand vous êtes dans les parages, il va falloir travailler votre feeling. Essentiellement en passant du temps auprès de lui et en lui proposant des choses agréables pour lui.
CLE N°5 : Travailler sur soi et sur son LACHER PRISE
Surement le plus difficile.
Lorsque l’on travaille en liberté il faut accepter et intégrer que votre cheval pourra user à souhait de son libre arbitre et donc se déconnecter de vous et de vos demandes bien plus facilement qu’en longe. Si la première idée est de se jeter sur sa tête, de tirer sur ses crins ou de tenter de le bloquer pour le retenir, à quoi bon être en liberté ? Autant remettre la longe. Si vous n’êtes pas prêt à comprendre cette attitude et si la situation est vécue comme un echec ou une frustration, il vaut mieux délaisser le travail en liberté pour un temps et travailler sur son lâcher prise. Sans quoi, ce sont des méthodes comme l’inconfort utilisé de façon trop aversive et comme unique solution ou bien pire, la punition du cheval, qui le forceront à rester auprès de vous. Certains tempéraments l’accepteront par dépit, quand d’autres se rebelleront.
Parce que la liberté est dans le lâcher prise, ne pas se prendre au sérieux, accepter que nous ne seront pas en permanence le centre d’intérêt de notre cheval et surtout se faire plaisir. Et plus on lâche, plus il nous donne. Parce que l’énergie positive que nous dégageons est tellement plus agréable pour eux et leur donne tellement plus envie d’intégrer une « bulle » commune. Travailler donc sur sa capacité à être heureux et surtout sur le moment présent avec son cheval, à rire de tout ce qui cloche, à ignorer ce qui ne vous convient pas et à repartir sur de nouvelles choses comme si de rien n’était. A s’amuser d’une déconnection. Se dire qu’il y a des hauts et des bas, des jours avec et des jours sans.
Se remettre en question sans pour autant tourner en rond. Ne pas vouloir être trop perfectionniste. Apprendre à donner du temps au temps. La connexion en liberté s’améliorera d’elle-même dans le travail, dans la durée. Personne ne domine personne, c’est juste un moment de jeu, d’expression et d’échange entre deux partenaires. C’est l’HARMONIE entre deux êtres.
Bien sûr il y a des jours avec et des jours sans, des caratères et temperaments differents chez les Hommes comme chez les Chevaux. Travaillez à votre lâcher prise pour qu’il devienne habitude de vie mais si ce n’est pas le bon jour, si la frustration, l’agacement pointe le bout de son nez et bien, remettez à demain !
Pour résumer : SIMPLE, COURT, PLAISIR, BIEN-ETRE, LACHER PRISE sont les 5 clés pour améliorer durablement la connexion dans le travail en liberté tout en travaillant à l’harmonie de la relation homme cheval.
A bientôt !
Laura, Etho’Lau
Crédit photo Black Doberman