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Et si parler à son cheval comme à un enfant, améliorait le relationnel et le bien-être ?

Une étude toute récente de nos chercheurs Français de l’INRAE et IFCE, qui pose la question de ce type de langage sur le cheval, grand sensible des émotions humaines. 

QU’EST-CE QUE LE PDS (PET DIRECTED SPEECH) ? 

C’est l’emploi d’une voix aigüe avec une variation de fréquence, un débit lent, une syntaxe et du vocabulaire simple avec une répétition de mots.  

Il sert à diriger l’attention vers l’interlocuteur et faire ressentir l’affect. C’est un langage à valeur d’émotion positive, qui s’accompagne donc d’une expression faciale ouverte et souriante. 

Souvent employé envers les jeunes enfants, on le nomme maternage, mamanais, paternage, parentais, ou communication dirigée à l’enfant. 

Sur les études déjà réalisées, le PDS améliore la mémoire à long terme des bébés. Il permet sur les chiens de capter plus longtemps l’attention et il est plus efficace que les voix directives à basses fréquences. 

D’après un sondage nous sommes 93% à utiliser le PDS avec nos chevaux mais seulement 44 % à penser que les chevaux y sont vraiment sensibles. Cela méritait bien de creuser la question sur ce langage qui semble tellement spontané et intuitif chez l’humain. 

L’ETUDE :

Elle a été menée sur 20 Ponettes de race Welsh âgées de 3 à 9 ans, vivant en groupe avec fourrage à volonté. Elles n’ont jamais entendu de langage PDS. Les 5 personnes qui vont réaliser les tests les connaissent depuis leur naissance. 

La méthodologie suit 4 phases : 

Familiarisation : Une phase de pré familiarisation pour apprendre aux ponettes à être testées seules et séparée du groupe. Le cheval est attaché et l’humain auprès de lui, lui parle 5 minutes en langage Adulte (ADS : Adult Directed Speech qui est un langage neutre) puis 5 minutes en PDS et ce, 4 fois par semaine. 

Caresse : Des grattages au garrot, d’une durée de 2 minutes, soit en parlant en ADS (langage adulte) soit en PDS (langage enfant).

Un observateur qui n’a pas de son et ne voit pas le visage du testeur, relève le nombre de fois ou le cheval regarde son testeur, va vers lui, ou lui rend la pareille en tentant de le gratouiller. Ce qui permettra d’apporter un score en termes d’échange, de relationnel et d’affect selon le langage utilisé. 

Pause : Les chevaux n’ont réalisé aucun test 

Communication d’une information par Pointage : 10 juments ont été testé avec un pointage et langage ADS avec expression du visage neutre, 10 autres en pointage PDS avec sourire.

Le cheval est placé sur une ligne de départ face à 2 seaux, fermés par un couvercle. Un des deux seaux contient de la nourriture. Un expérimentateur se trouve derrière les seaux et en pointe un du doigt en répétant une phrase soit en ADS soit en PDS, jusqu’à ce que le cheval face un choix en mettant au moins son nez à 20 cm du seau concerné. 

Si l’essai est correct le cheval mange, si incorrect, il recommence le test. Chaque cheval réalise 6 fois le test. 

LES RESULTATS :

Cette étude a obtenu de très bons scores avec une grande fiabilité des valeurs. 

Sur le test du contact, avec le langage PDS, les chevaux interagissent plus avec l’expérimentateur en tentant de le gratouiller en retour. Geste qu’ils ne rendent pas si la gratouille est réalisée avec un langage adulte neutre. 

Sur le test du pointage, avec le langage en PDS le cheval va préférentiellement vers le seau pointé, il est donc plus attentif et comprend mieux l’intention du testeur. En effet, lorsque le pointage est réalisé avec le langage ADS, le cheval choisi le seau au hasard. 

Les chevaux sont bel et bien sensibles au PDS, aux expressions, aux émotions. Le PDS augmente l’attention du cheval, facilite la compréhension de nos intentions, influence leur affect.

Il est donc conseillé d’employer le PDS dans les interactions quotidiennes et l’entraînement des chevaux, ce qui permettrait de prendre en compte leurs capacités cognitives, et contribue à l’amélioration de leur bien être en respectant leur grande sensibilité face aux émotions humaines. Le langage PDS permet également de mieux capter l’attention du cheval et d’améliorer sa compréhension face à une tâche demandée et à des directives données. 

CE QUE CET ARTICLE M’INSPIRE 

On entend très souvent que les chevaux vivent dans un monde de silence et nous devons nous aussi obligatoirement faire silence. Pour ceux qui intuitivement parlent à leur chevaux, difficile d’appliquer cette règle. Pour des chevaux domestiqués cette étude apporte la preuve que le cheval a son propre langage, l’humain à le sien, mais qu’il y a bien un troisième langage qui est celui que créent le cavalier et son cheval ensemble, et qui regroupe un savant mélange des deux. 

Pas nécessaire de « devenir un cheval » pour créer une relation avec son cheval, il suffit de s’appliquer à créer quelque chose ensemble sans dénaturer ni l’Homme ni l’animal. Nos connaissances de son espèce, mais aussi les informations qu’il captent de nous, doivent donc être connues du plus grand nombre pour évoluer ensemble. 

Source : Léa Lansade, Miléna Trosc, Céline Parias, Alice Blanchard, Elodie Gorosurreta, Ludovic Calandreau, « Horses are sensitive to baby talk : Pet-Directed speech facilitates communication with humans in a pointing task and during grooming. » Animal Cognition 2021.

Laura, Etho’Lau

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