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Qu’est-ce que le bien-être du cheval ?

C’est le Podcast de l’IFCE avec Alice Ruet et Christine Briant, toutes deux chercheuses en éthologie avec notamment une spécialisation sur le Bien-être. Podcast le bien-être du cheval : de l’hébergement au travail (ifce.fr) qui a attiré mon attention pour rédige cet article. 

Aujourd’hui et bien plus qu’avant, notre rapport au cheval doit entrer dans un aspect éthique. Il ne suffit plus juste de s’occuper du cheval en lui offrant un hébergement et en le nourrissant, il s’agit de connaître l’espèce mais également chaque individu qui forme le groupe pour s’adapter indépendamment à chaque cheval. Le bien être devient donc un élément complexe à prendre en compte, mais plus on tendra vers ce dernier, plus notre rapport au cheval et notre RELATION en sera amplifiée.

DEFINITION DU BIEN-ETRE 

ANSSAET 2018. Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation de l’Environnement et du Travail. Propose une définition complète en deux parties avec un rapport de 34 pages apportant une définition complète pour chacun des mots employés.

Le bien-être c’est l’état mental et physique positif de l’animal, lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, et de ses attentes

  • Le bien-être n’est pas juste une absence de mal être. Le mot positif de la définition n’est pas anodin ! Il faut essayer de donner au chevaux du plaisir et des émotions positives. 
  • Respecter les besoins du cheval (S’alimenter avec du fourrage, se déplacer librement, vie en groupe dès deux chevaux)
  • Le cheval a des attentes qui sont (positives ou négatives), nous savons aujourd’hui qu’il ne vit pas seulement dans le présent, il vit aussi dans le passé (souvenir, mémoire) et il vit dans l’avenir (anticipations des choses qui vont arriver). 

BIEN TRAITANCE ET BIEN-ETRE, DU PAREIL AU MEME ?

La bien traitante, c’est ce que l’on donne au cheval (Nourriture, Sorties, contacts sociaux…).

Aujourd’hui nous ne pouvons plus seulement dire, mon cheval est forcément heureux car je le traite bien ! En effet, nous avons la dimension bien-être qui entre en jeu.

Avec le bien-être, chaque cheval va ressentir et vivre la bien traitante dont il bénéficie, de façon différente. Il va le vivre avec ses expériences passées, sa personnalité, ses émotions…

Exemple de deux chevaux qui anticipent des bruits de la brouette, annonçant la distribution des aliments : 

  • Le premier attend patiemment, l’air attentif et réalise un petit appel de contact à l’arrivée de la brouette.
  • Le deuxième s’énerve, tape dans la porte, arpente de long en large, se balance de gauche à droite, mord sa porte, couche les oreilles dès que la brouette approche (état de frustration). 

Ces chevaux sont dans les mêmes conditions de bien traitante, et pourtant l’un est en état de bien être, l’autre de mal être. 

La différence ici se situe dans l’émotion apportée par la nourriture, l’un est en « émotion positive » l’autre en état de frustration « émotion négative ».

Une fois les états de mal être observés, à nous d’ouvrir notre esprit et de réfléchir aux causes. Ce cheval est-il le seul individu de l’écurie à faire cela (problème précédent, tics déjà ancré ?), manque-t-il de fourrage ? est-il exclusivement nourri au granulé ce qui provoquerait une attente très forte des moments distributions ? Manque-t-il de déplacement libre ? s’ennuie-t-il ? Est-il douloureux ? 

QUEL SONT LES INDICATEURS DU BIEN-ETRE ?

Comment évaluer ce que perçoit et ce que ressent chaque animal dans son environnement ? 

Nous allons utiliser des indicateurs. L’indicateur est un signe observable. 

Les indicateurs comportementaux sont facilement observables sur le terrain. 

  • Comparer le comportement de l’individu face aux comportements naturels de l’espèce : Cheval tout le temps isolé, qui dort beaucoup ou bien jamais, qui ne s’alimente pas assez…
  • La posture d’alerte ou d’alarme (Encolure haute, yeux fixes, oreilles pointées, attitude tendue) est une posture normale dans le répertoire comportemental chez le cheval. Mais si elle est très régulièrement reproduite dans le temps, elle peut signifier un état d’anxiété du cheval et donc de mal être. 
  • La posture dépressive doit absolument être connue pour être distinguée d’une posture de repos. Cheval en retrait qui ne réagit plus aux stimulations de l’environnement, tête parfois contre un mur, encolure assez plate, oreilles fixes et en arrières, yeux ouverts et qui ne clignent pas. 
  • Les comportements anormaux comprennent les tics et stéréotypies, mais il y a également pleins d’autres comportements qui peuvent entrer dans cette catégorie. 

UNE APPLI ACCESSIBLE A TOUS POUR EVALUER LE BIEN ETRE DE SON CHEVAL !

Ou comment évaluer le bien être sur le terrain ?

Les chercheurs ont développé une application « Cheval bien être » disponible gratuitement depuis début 2022 sur smartphone. Cette application sous forme de questions réponses peut être complétée pour chaque cheval d’un groupe et donne ensuite via un graphique, une mesure de l’état de bien-être. 

Elle est disponible ici : Application Cheval bien-être : mesurez le bien-être de vos équidés (ifce.fr)

Les indicateurs pour évaluer le bien être sont classés en 4 grandes catégories comportant chacune plusieurs indicateurs. 

Ainsi la santé par exemple, permettra de regarder les blessures, boiteries, maladies…

L’avez-vous déjà testée ? 

MAL ETRE AU QUOTIDIEN = MAL ETRE AU TRAVAIL ?

Je pense que c’est une grande nouveauté pour personne, le mal être exprimé au quotidien se ressent ensuite sur le cheval au travail. Forcément, comment être bien avec le cavalier quand on ne l’est pas dans son milieu de vie ? 

Cependant, les chercheurs ont réussi à distinguer des attitudes au travail typiques de certains signes de mal être au box. 

Je vais zoomer un peu plus ici sur l’agressivité des chevaux au box envers l’humain qui est une découverte importante. 

Il en ressort que ces chevaux agressifs envers l’Homme au box, lorsqu’ils sont montés, présentent des comportements d’opposition ou de défense, mais également une locomotion au galop très particulière, confirmée et analysée par des capteurs. 

En effet, ces chevaux présentent un galop très saccadé, très marqué, particulièrement difficile à suivre pour le cavalier et qui nécessite un équilibre important. Cette locomotion impacte directement l’équilibre du cavalier. 

De nouvelles questions sont ressorties de cette découverte ? 

  • Ce galop peut-il être plus générateur de chutes et de perte d’équilibre du cavalier ? 
  • Ce galop peut-il provoquer des atteintes physiques au cavalier ? 

Un cheval en état de bien-être dans son quotidien sera bien plus facile et disponible au travail. 

LIEN ENTRE BIEN ETRE ET PERFORMANCE

On ne parle pas ici que de performance physique mais aussi de performance cognitive.

Un cheval en émotion positive et dans un état mental de bien-être apprend mieux, comprend mieux, coopère mieux, se rend plus disponible avec l’Homme et crée ainsi une meilleure RELATION.

L’IMPACT DE NOTRE SAVOIR ÊTRE SUR LE BIEN ÊTRE DE NOTRE CHEVAL 

Les chevaux emploient leur monde sensoriel de façon extrêmement fine entre eux mais également dans leur relation à l’Homme. 

Nous ne pouvons pas les tromper ! Apprenez à accrocher vos démons du jour au portail avant de passer du temps avec votre cheval et profitez du moment présent. 

Si vous ne parvenez pas à souffler ce petit nuage noir et morose au-dessus de votre tête depuis le matin, reprogrammez votre séance à plus tard, c’est un cadeau que vous faites à votre cheval de ne pas lui imposer vos frustrations, tristesse ou mauvaise humeur. Tout au plus oubliez votre heure d’équitation ou bien de travail à pied et partez marcher, le faire brouter… Passez du temps juste entre vous sans objectifs, sans attentes. 

POIDS DU CAVALIER ET BIEN-ETRE 

Dans l’idéal, le poids du cavalier devrait se situer autour de 15 % du poids du cheval. Cet idéal est modulable selon l’expérience du cavalier. En effet, un cavalier expérimenté peut être un peu plus lourd sans pour autant modifier l’attitude du cheval. 

Les études menées confirment qu’un cavalier trop lourd impacte directement la locomotion du cheval et peut également être à l’origine de boiteries. 

MATERIEL ADAPTE ET BIEN-ETRE 

Deux études récentes ont été menées sur 500 chevaux. L’une d’elle a démontré que dans 32 % des cas, la selle est mal adaptée et bascule vers l’avant ou l’arrière.

Et ce n’est pas moins de 30 % des cavaliers qui ne sont pas assis symétriquement sur la selle.

Concernant la muserolle, une autre étude récente a été menée sur 750 chevaux de sport au national et à l’international.

90% Des chevaux ont une muserole serrée à moins de deux doigts et 44 % ont des muserolles serrées à moins d’un demi-doigt. Pression qui équivaut à une lésion des nerfs chez l’Homme.

A savoir ! Le serrage normal d’une muserolle doit permettre de glisser deux doigts entre le chanfrein et cette dernière. 

Ce matériel mal adapté, mal réglé ou mal entretenu a pour conséquence d’entraîner un mal être chez le cheval via différents signes observables, indiqués dans l’image ci jointe. 

Pour retrouver l’ensemble du podcast c’est ici : Podcast le bien-être du cheval : de l’hébergement au travail (ifce.fr)

Laura, Etho’Lau

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